Dans les camps de Tindouf on ne parle plus que de lui depuis le début du mois de Ramadan. Najm Allal, un poète et chanteur sahraoui engagé qui tente par ses moyens et son talent artistique de mettre un peu de chaleur dans le quotidien invivable des populations sahraouies séquestrées en plein désert algérien, à Tindouf. Ses déboires avec les gardiens du temple de Mohamed Abdelaziz, chef du Polisario, ont commencé avec la sortie de son dernier album intitulé : « Les jeunes du changement ».
Comme son titre l’indique, c’est un album à travers lequel, le chanteur sahraoui a tenté de s’inspirer des soulèvements du printemps arabe, pour appeler à un changement dans la direction des camps de Tindouf pour plus de démocratie, de liberté, d’équité sociale et de justice. Il a aussi voulu mettre à nu, à travers ses chansons et ses poèmes, les souffrances et la précarité absolue que vivent les milliers de Sahraouis depuis plus de 35 ans dans les camps de Tindouf.
Dans cette zone de non-droit complètement isolée du reste du monde, où seuls les milices armées du Polisario encadrés par les agents des services de renseignements algériens, font la loi, le poète Najm Allal ne pouvait faire autre chose que d’exprimer à travers ses chansons et ses paroles, sa solidarité avec les milliers de jeunes sahraouis qui au fond d’eux-mêmes, aspirent tous au changement et à un avenir bien meilleur que celui que leur offrent ces camps de la désolation.
Notre chanteur est peut-être allé un peu plus loin en voulant jeter le discrédit sur les dirigeants du Polisario, les accusant de s’enrichir aux dépens de la misère des populations sahraouies. Mais comme toutes les vérités ne sont pas toujours bonnes à dire, les paroles du chanteur sahraoui ont été prises au sérieux et ordre a été donné aux milices armés du Polisario de resserrer l’étau autour du poète engagé et des membres de sa famille, surtout que la direction du mouvement séparatiste soupçonne Najm Allal de faire parti d’un mouvement des autonomistes.
Frappé d’interdiction de monter sur scène en public, le chanteur se plaint d’une présence remarquée et très inhabituelle des hommes du Polisario lors de ses déplacements dans les camps. Il dit être surveillé nuit et jour par ces hommes et a décidé de réduire au minimum ses mouvements et ses contacts par peur de représailles contre sa personne et ou contre l’un des membres de sa famille.
En guise de solidarité avec le chanteur sahraoui, l’Association des Musiciens Marocains à l’Étranger, tout en dénonçant les actes de harcèlement contre le poète et chanteur Najm Allal, appelle, dans un communiqué, toutes les organisations humanitaires et les Comités des Droits de l’homme à soutenir ce poète/chanteur, victime de l’oppression et des exactions des dirigeants du Polisario.
L’association s’est également mise en contact, selon son président, Abderrahim Harchi, avec plusieurs artistes et activistes arabes et européens pour requérir leur soutien au chanteur sahraoui.