Le Polisario ne perd pas ses mauvaises habitudes. Toute protestation nonobstant ses objectifs et motivations, est férocement réprimée et étouffée dans l’œuf. Depuis la reconduction lors du 13ème congrès dans la localité fantôme de Tifariti (90 km à l’ouest de Tindouf), pour son onzième mandat consécutif la direction du Polisario, l’inamovible Mohamed Abdelaziz est vivement contesté à l’intérieur et en dehors des camps de Tindouf.
Pour les jeunes indignés sahraouis tous les moyens sont bons pour dénoncer la légitimité de ceux qui les dirigent. Regroupés au sein du mouvement de la Jeunesse de la révolution sahraouie, une centaine de jeunes désœuvrés observaient depuis plusieurs jours un sit-in en barricadant l’entrée principale du Camp Hassi Rabouni qui abrite le QG du Polisario. Dans un campement de fortune construit sur ce chemin, les jeunes protestataires ont inscrit en grandes lettres et sur toute la largeur de la chaussée goudronnée le slogan « Irhal » (dégage), à l’adresse du chef du Polisario.
Après la diffusion sur la toile de la nouvelle et des images de la contestation, les vigiles armés du Polisario, ont reçu pour ordre de démanteler illico presto, le campement, de chasser ses locataires et d’arrêter les supposés instigateurs de ces manifestations. Des dizaines de jeunes ont été ainsi appréhendés et conduits dans des lieux secrets pour interrogatoire et des dizaines d’autres ont été correctement bastonnés ou grièvement blessés. Des camions militaires ont tous ramassé : tentes, banderoles, baraques de fortune etc., au moment où une cinquantaine de miliciens armés de fusils et de gourdins donnaient la chasse poursuite aux fugitifs parmi les protestataires. Ces deniers juraient de poursuivre leurs protestations à Rabouni ou dans un autre camp de Tindouf, jusqu’à faire tomber l’actuelle direction et son éternel chef, Mohamed Abdelaziz. Ce dernier est particulièrement visé parce que les jeunes réfugiés sahraouis savent pertinemment qu’il n’est pas de souche purement sahraouie.
Mohamed Abdelaziz, 64 ans qui est né à Marrakech est l’un des fils d’un sous-officier de l’armée marocaine. Après ses études universitaires à Rabat, Abdelaziz n’a plus remis les pieds dans le royaume depuis 1974, date à laquelle son destin a été scellé à celui du fondateur du Polisario, Mustapha El Ouali, auquel il succède en août 1976. Son père agonisant établi dans la région de Beni Mellal et ses deux des frères, l’un est avocat à Agadir, l’autre médecin à Casablanca, vivent tous au Maroc.