Le Parlement européen (PE) a nommé pour la première fois et à la grande surprise des observateurs, un rapporteur chargé d’enquêter sur les droits de l’homme au Sahara Occidental. Il s’agit de l’eurodéputé conservateur britannique, Charles Tannock qui a été désigné le 12 décembre dernier en qualité de rapporteur spécial de l’Union européenne pour les droits de l’Homme au Sahara Occidental. L’information a été accueillie à Rabat, avec d’étonnement et beaucoup de scepticisme, sachant que le député britannique est déjà connu par ses prises position hostiles au Maroc même quand il s’agit de conclure des accords de partenariat entre l’UE et le royaume.
Charles Tannok qui est aussi un des farouches opposants à l’adhésion de la Turquie musulmane à l’Union européenne, aura pour mission de dresser des rapports sur la situation des droits de l’Homme au Sahara et dans les camps de Tindouf au sud-ouest algérien ainsi qu’au Sahel, pour les présenter ensuite devant la sous-commission des droits de l’Homme du PE.
Sa nomination est intervenue la semaine dernière suite à l’adoption à la mi-décembre à Strasbourg, d’une résolution concernant le rapport annuel 2011 de l’UE sur les droits de l’homme.
Le rapport initial ne faisait pourtant aucune mention du conflit au Sahara, mais un groupe de 96 eurodéputés pro-Polisario a réussi à faire introduire un amendement dans le texte initial et de le faire adopter en séance plénière du PE.
Dans cette résolution, le Parlement européen exprime «son inquiétude quant à la détérioration des droits de l’Homme au Sahara » et appelle au respect de « la liberté d’association, la liberté d’expression et le droit de manifester ». L’amendement introduit ne pipe pas un mot sur la situation des droits de l’homme dans les camps de Tindouf, où les violations et abus en tout genre, sont constamment dénoncés par des ONG internationales de défense des droits humains.
Même les dirigeants du Front Polisario craignent la présence du nouveau rapporteur spécial de l’UE dans les camps de Tindouf, où Charles Tannock risque fort de changer rapidement d’avis sur l’image qu’il se faisait de loin, sur le mouvement indépendantiste sahraoui.
Dans tous les cas, les observateurs qui suivent de près, le dossier du Sahara, sont assoiffés de connaitre la réaction aussi bien des autorités marocaines que celle de la direction du Polisario sur cette nomination.