Les ONG internationales clouent encore une fois au pilori les services de sécurité et la justice algériennes pour les violations des droits de militants injustement condamnés à des peines de prison pour des délits qu’ils n’ont pas commis.
Plusieurs personnes accusées d’avoir participé à un « attroupement armé » et commis des actes de violence contre la police, le 8 juin dernier à Laghouat, dans le sud du pays, auraient été condamnées à l’issue d’un procès inéquitable. Selon le Réseau euroméditerranéen des droits de l’Homme et Human Rights Watch, les accusés « n’ont pas eu l’occasion de réfuter les preuves présentées à leur encontre » lors du procès. Pour les deux ONG, le tribunal aurait fondé son verdict sur des témoignages de la police qui n’établissent pas la preuve de la participation des accusés aux actes de violence présumés commis lors de la manifestation de Laghouat.
Les tribunaux « devraient déterminer la responsabilité pénale de chaque accusé en leur donnant l’occasion de réfuter les preuves présentées à leur encontre, au lieu d’appliquer ce qui apparaît comme une volonté de faire payer quelqu’un à tout prix», a déclaré Michel Tubiana, le président du REMDH. L’un des accusés a déclaré que les juges ne s’étaient appuyés que sur les déclarations d’agents de sécurité qui affirmaient que des manifestants les avaient blessés. Aucune des preuves présentées n’établissait que l’un ou l’autre des accusés avaient participé directement à des actes de violence ou de dégradation de propriété, a-t-il ajouté.
Le jugement écrit ne cite par ailleurs aucune preuve incriminant les accusés de manière individuelle. « Le simple fait d’être un militant sans preuve que vous ayez commis un crime ou même que vous étiez à proximité de l’endroit des événements ne devrait pas déboucher sur une condamnation à une peine de prison », a affirmé pour sa part, Erice Goldstein, directeur adjoint de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à HRW.