Polisario et dérive islamiste ?

Dans son rapport annuel, d’octobre 2008, l’ESISC (European Strategic Intelligence and Security Center) diagnostique la mouvement du Front Polisario, à la lumière du contexte international de la région du Nord-Ouest africain et analyse sa force, sa faiblesse et aussi ses accointances avec les forces actives de la région, tel Al-Qaïda et le grand banditisme, alimenté par les zones d’influence des groupes terroristes en action, l’insécurité et l’impunité qui y prédomine. Enlèvements de personnes et de touristes étrangers, rançons exigées, contrebande d’armes et de drogues, réseaux d’immigration clandestine sont légion et inquiètent les états limitrophes et l’opinion publique internationale.
L’analyse, menée sous la direction de Claude Moniquet, Président de l’ESISC, montre que le Front Polisario, après 36 ans d’existence et de lutte, est en pleine déliquescence interne et risque de poursuivre une dérive dangereuse, amorcée plusieurs années auparavant, pour la stabilité de la région, en se rapprochant du terrorisme islamiste et du grand banditisme, toujours actif dans cette partie du monde. Il est à rappeler que l’Afrique du Nord est devenue un terreau favorable au mouvement islamiste radical, et plus particulièrement Al-Qaïda. A cet effet, le GSPC (Groupement Salafiste pour la Prédication et le Combat) a revendiqué en 2007 son rattachement à l’organisation mondialiste d’Al-Qaïda en se faisant baptiser désormais Tanzim al-Qaïda bi-Biladi al-Maghrib al-Islami (AQIM).

D’ailleurs, un ancien dirigeant du front Polisario, Hamatti Rabani, a clairement affirmé, déjà en 2005, que le Polisario est dans une situation totale d’échec, car la majorité de ses dirigeants et anciens combattants a soit rallié l’autre partie, en l’occurrence le Maroc, ou s’est reconvertie dans les affaires dans les pays voisins, Maroc et Mauritanie. Les jeunes, quant à eux ne se reconnaissent plus dans l’actuelle direction du mouvement séparatiste et sont plus perméables à l’idéologie islamiste, voire salafiste en vogue dans la région. Ayant perdu tout espoir, ces jeunes se détournent de leurs chefs et  s’orientent vers Dieu. « Dieu remplit le vide laissé par l’idéologie passéiste de la direction du Polisario », martèle-t-il.
Cette tendance se renforce de jour en jour et les camps de Lahmada en Algérie forment désormais une pépinière fertile et propice de recrutement et d’embrigadement des jeunes sahraouis par le Tanzim qui possède des camps d’entraînement près du Mali. Aussi elle pourrait s’accélérer et prendre de l’ampleur, car les deux mouvements ont complémentaires et ont des objectifs communs et un ennemi commun, le Maroc. Ils tendent à déstabiliser le Maroc pour l’amener à céder et affaiblir la Mauritanie ou la faire imploser, car elle constitue une porte essentielle vers l’Afrique subsaharienne. Il ne faut pas oublier,  à ce propos, que la Mauritanie est toujours la cible préférée d’Al-Qaïda dans la région et que des actions terroristes y sont menées régulièrement. Et comme preuve de cette collusion entre les deux mouvements, l’attaque de la caserne militaire mauritanienne de Lamghiti le 04 juin 2004, avec la participation d’engins et de véhicules du Polisario et même des soldats, car il a été constaté l’usage du dialecte hassani parlé en Mauritanie et dans les camps de Tindouf. Une autre preuve est apportée en novembre 2007 avec le démantèlement au Mali d’un groupe terroriste comprenant des membres à la solde du Polisario.
Par ailleurs, le détournement des aides internationales au profit de la caste dirigeant e du Polisario a plongé les camps sahraouis dans une extrême pauvreté, laquelle a eu pour conséquence le développement de la criminalité et du banditisme. Le Polisario, en net recul de popularité, voire de légitimité a été amené à user de plus de violence à l’égard des opposants et à acheter de plus en plus l’adhésion des autres avec de l’argent ou les offrandes. Pour cela, le mouvement a recours à toutes sortes de trafic, de contrebande et de réseaux d’immigration clandestine vers l’Europe.
L’implication du Polisario dans le trafic d’êtres humains est bien connue et elle figure dans les rapports du Secrétaire Général des Nations Unies.
En tout état de cause, l’anarchie qui règne dans cette partie de l’Afrique, aux confins de pays comme le Maroc, la Mauritanie, l’Algérie, le Mali ou le Niger et l’impunité qui y prévaut favorise considérablement  le développement de tous les trafics, comme celui des drogues et des filières latino-américaines, ainsi que l’extension du terrorisme qui n’a plus de frontières ou de nationalités. Cet état de choses constitue en soi une grave menace pour la sécurité et la paix dans la région du Nord-Ouest africain, car la convergence du trafic et de l’islamisme radical et combattant est à même d’embraser la région, favorisé en cela par la perte de toute perspective de paix au conflit saharien et encouragé par le jusqu’auboutisme des dirigeants du Polisario et de leur parrain algérien.

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